Portraits - classe 2020/21

Cette année, comme les 5 dernières années, j'ai photographié les élèves de la nouvelle promotion du master de Management des Entreprises Culturelles de la Business School de Dijon.

C'est avec joie que je me préparais à cet après-midi là. J'apprécie d'être en compagnie de ces jeunes, passionnés par toutes les formes d'art et de culture, ceux qui dans l'avenir vont gérer les musées, créer des parcours d'expositions ou des espaces multidisciplinaires, mettre en place des festivals etc ... J'ai moi-même une Maîtrise dans le domaine, après la linguistique, je voulais me spécialiser dans la production et la valorisation de l'art video :)

Et voilà que cette année, après avoir cherché le meilleur spot dans les rues du 15ème arrondissement, pour la photo de toute la classe, je me suis installée dans une des salles de travail dans l'école. Et les élèves venaient, un par un. Et petit à petit je me rendais compte que la Vie que nous vivons est ... particulière.

Parce que selon mon brief je devais faire trois portraits par personne : un "normal", un avec masque, un en train d'enlever le masque.

La vérité c'est que dès la seconde personne qui entrait masquée dans la pièce, 

je me suis sentie démunie...

Nous sommes en octobre 2020, la situation actuelle fait qu'eux portent le masque tout au long de la journée et qu'il est "normal" qu'ils rentrent ainsi. 

J'ai mis du temps à comprendre ce qui m'arrivait, ce qui me gênait au point de perdre le fil de ma séance photo. 

D'une manière générale, pour photographier les gens les uns après les autres, je fais appel à la concentration et ma certitude que chacun est beau. Cela me donne de la force, de la patience et de l'inspiration pour me connecter à chaque fois à une nouvelle individualité et de la voir dans son ensemble, dans son originalité. 

Là, je me sentais perdue à chaque fois que la porte s'ouvrait.

Et puis j'ai compris, le masque m'enlève la possibilité de VOIR la personne. On a beau dire que les yeux sont le miroir de l'âme et qu'ils parlent tout aussi bien que les mots, et pourtant, ne voir que la moitié d'un visage me prive de la possibilité de me connecter à lui. 

Il y a probablement une habitude culturelle qui donne au masque une notion de "cacher", en tout cas, moi photographe à ce moment là, j'avais plus l'impression que le masque servait plus de "cache" que de "protection".

L'ESSENTIEL EST AUSSI VISIBLE AVEC LES YEUX

surtout quand on est photographe

J'ai donc demandé à chacun d'enlever son masque quasiment tout de suite pour commencer par se voir, se découvrir et faire les portraits dans l'ordre qui me paraissait le plus sain et logique : 

1/ La personne telle qu'elle est

2/ La personne qui porte le masque dans cette période si particulière qui restera marquante dans la vie de chacun

3/ La personne dans son rapport à l'après-masque

Et puis voilà ! 

A partir du moment que je comprends où est mon blocage, je m'en libère. 

Aucun masque ne peut m'empêcher de VOIR les gens que je photographie. Parce que c'est mon métier, parce que je le fais bien et surtout parce que c'est ma manière d'envisager les rapports humains - spontanés, naturels, authentiques, directs, libérateurs et libres.

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